Le Centre d’étude et de prospective a réalisé une analyse comparée de la place du secteur agricole dans la disponibilité future de la ressource en eau en France en reprenant les travaux de projection et de prospective de trois rapports : Aqua 2030, Garonne 2050 et Explore 2070.
Le changement climatique, principal facteur d’influence de la ressource disponible
Pour Garonne 2050 et Explore 2070, l’unique facteur d’influence est le changement climatique. Tandis que pour Aqua 2030, le changement climatique n’est pas mis au premier plan compte tenu de l’horizon temporel plus proche, même s’il est pris en compte dans les évènements extrêmes ou le réchauffement de l’eau.
Selon Explore 2070, l’augmentation de température oscillerait entre + 1,4 et + 3°C. L’évolution de la pluviométrie en été serait en baisse entre -16 et -23 %. Les débits moyens des cours d’eau diminueraient entre -10 et -40%, notamment en Seine Normandie et Adour Garonne. La diminution de la recharge des nappes souterraines pourrait atteindre – 30 % dans le bassin de la Loire et – 50 % dans le Sud Ouest.
L’usage de l’eau en agriculture : des scenarii prospectifs
Les trois études développent des descriptions contrastées de l’agriculture. Aqua 2030 et Garonne 2050 traduisent une tension entre économie et environnement avec des milieux naturels impactés par les dynamiques déjà existantes dans les territoires. Garonne 2050 montre une stabilisation des prélèvements agricoles grâce à une diminution des surfaces irriguées. Tandis qu’Aqua 2030 pointe une augmentation des prélèvements agricoles en raison de l’agriculture intensive. Dans Explore 2070, la demande en eau agricole n’est pas satisfaite. Ces scenarii sont présentés comme non soutenables vis à vis de l’ensemble des usages de l’eau.
Sont également envisagés des scenarii de sobriété. Pour Aqua 2030, c’est le respect des objectifs de la directive cadre sur l’eau. Pour Garonne 2050, c’est l’atteinte d’un débit environnemental des rivières satisfaisant. Dans Explore 2070, c’est une agriculture qui réduit ses prélèvements en eau.
A l’évidence, ces scenarii soulignent les tensions à venir sur la ressource en eau et la nécessaire, et souvent radicale, adaptation de l’agriculture.
