De la crispation à la médiation

Publié le dans Ma vision de l'eau.

Le 27 septembre 2012 a eu lieu un exercice tout à fait particulier entre des représentants des agriculteurs et des défenseurs de l’environnement : une tentative de médiation sur les algues vertes et les pesticides. Objectif : renouer le dialogue entre les défenseurs de l’environnement reprochant aux agriculteurs le maintien d’un modèle agricole portant atteinte au sol, à la biodiversité, au climat et, bien sûr à l’eau, et les agriculteurs militant pour une approche environnementale collant plus à leurs réalités. A la barre, un collège de médiateurs : Maître Teitgen, ancien bâtonnier de l’Ordre assisté de deux grands témoins Erik Orsenna, expert en économie du développement, et Michel Griffon, directeur adjoint de l’Agence nationale pour la recherche.

On pouvait craindre un acte de communication. Cà a été le début d’un processus qui doit casser une logique de face à face au profit d’une logique de côte à côte. Processus courageux mis en place avec responsabilité parce que répondant à l’intérêt général comme l’a souligné le médiateur car les agriculteurs comme les défenseurs de l’environnement ont sans doute dû faire face à l’hostilité de leurs sociétaires respectifs. Durant les exposés des crispations, chaque partie a été mesuré dans les propos mais ferme dans les convictions. Elles ont su ne pas se perdre en débats stériles autour de la responsabilité et réfléchir aux causes.

Les accords entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement portent sur des nécessités  : nécessité de continuer à être performant dans la production, nécessité que l’exploitant redevienne autonome dans son exploitation (adaptation des modèles  au territoire voire à la parcelle, production sur l’exploitation de l’alimentation animale, indépendance vis à vis de fournisseurs…), nécessité de protéger l’environnement et la santé humaine et nécessité pour avancer d’étendre le dialogue aux autres acteurs d’amont ou d’aval, et notamment la distribution. Assez surprenant : les deux parties s’accordent pour dire qu’on peut réduire l’utilisation des phytosanitaires mais que l’on ne pourra s’en affranchir totalement.

Maître Teitgen a pu conclure la journée en annonçant la rédaction d’une charte de médiation afin que les citoyens puissent demander des comptes qui actera les accords et désaccords et listera des outils méthodologiques pour ensuite ouvrir de nouveaux espaces de discussion.

verbatims :

  • « Depuis que l’agriculture existe, elle n’a pu faire autrement que de modifier les éco-systèmes » (Michel Griffon)
  • « Ce n’est pas parce qu’une molécule est naturelle qu’elle n’est pas dangereuse » (Michel Griffon)
  • « Il y a un soupson sur le savoir et l’opinion prend le pas sur la compétence. Il faut redonner du poids à la parole scientifique » (Erick Orsenna)
  • « les agriculteurs sont responsables ? » est une question injuste. Les banques, les coopératives, l’Etat, la distribution, les consommateurs ont joué un rôle (dans la dégradation de l’environnement) (Eaux et Rivières de Bretagne)
  • « les acteurs forts se construisent dans le dialogue » (JP Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental)

© joef – Fotolia.com

 

 

 

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