Eau et changement climatique : ça va être chaud !

Publié le dans Planète.

Le ministère du développement durable a présenté les principaux résultats du projet Explore 2070. Il s’est agi de faire une analyse globale et transversale pour élaborer puis évaluer des stratégies d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau à l’horizon 2070. Ces travaux ont  été menés à partir d’une réflexion dépassant les analyses sectorielles et qui a été au-delà du monde des scientifiques pour s’ouvrir vers celui des gestionnaires et des décideurs. Cette réflexion sur le partage des expertises et des résultats et le choix d’hypothèses et de scenarii a été soutenue par la définition d’un modèle intégrateur permettant d’évaluer les impacts du changement climatique et des options de stratégies d’adaptation. A chacune de leur présentation, les experts (Meteo France, BRLingéniérie/Irstea, Biotope, BIPE…) ont invité  à la prudence quant à la significativité des tendances et l’utilisation des résultats. Nous retiendrons l’intérêt d’une vision prospective nationale qui favorise l’avancée des connaissance et la prise de conscience des acteurs de l’eau.

Un changement climatique attendu en France

Meteo France avance une hausse des températures sur l’ensemble du territoire français comprise entre + 1,4° et + 3° au XXIème siècle. Le dernier scenario du GIEC, un peu plus optimiste que par le passé, annonçait + 2,8° en moyenne au niveau mondial en 2100. L’évolution des pluies efficaces d’hiver reste pour l’instant difficile à interpréter. Par contre, les précipitations d’été seraient déficitaires entre -16 % et -23%, notamment dans l’extrême Sud-Ouest.

Une diminution significative des débits des cours d’eau

A l’échelle du territoire, il y aura une diminution des débits moyens annuels des cours d’eau compris entre 10 % et 40 % selon les simulations. Les bassins Seine-Normandie et Adour-Garonne seraient particulièrement concernés.   La simulation conclut à une augmentation moyenne de température de l’eau de 1,6°. La baisse du débit moyen de la Seine à Paris serait comprise entre -10 % et -50%, liée à une augmentation de la température de 1,7° à 2,9°. Tous les modèles montrent des étiages (niveau le plus bas atteint) plus importants. A titre d’exemple, le Rhône à Beaucaire pourrait subir une baisse mensuelle quinquennale de 20 à 50 %. Quant aux crues, leur intensité pourrait augmenter dans les Cévennes et dans le Nord-Est mais être moins actives dans les Alpes, les Pyrénées et le Jura.

Eau souterraine : baisse du niveau et de la recharge

Explore 2007 montre une baisse quasi générale des niveaux des nappes souterraines et une diminution de la recharge pouvant aller jusqu’à 10 m, notamment dans le bassin versant de la Loire et le Sud-Ouest. Ceci provoquerait une baisse des débits d’étiage et une augmentation de la durée des assecs (période où un cours d’eau se retrouve sans eau).

L’impact sur les écosystèmes aquatiques est nuancé

Des zones humides se montrent fortement vulnérables au changement climatique selon leur localisation et leur fonctionnement hydrologique.  L’autoépuration et le soutien d’étiage pourraient en être perturbés. Ce sont les espèces vivant en amont des cours d’eau sont les plus menacées. En ce qui concerne les poissons d’eau douce, la truite commune, les chabots, le saumon atlantique, la lamproie de Planer sont des espèces très vulnérables. D’autres espèces seront favorisées par l’augmentation de la température des eaux (brème notamment).

Prospective démographique et socio-économique

La France comptera 75 millions d’habitants en 2070. Le nombre de ménages augmentera ainsi de 0,5 %/an. La population se déplacera vers la façade atlantique et vers le sud. En cas d’étalement prépondérant de l’habitat, la surface occupée par des sols artificialisés passerait de 9,4 % en 2010 à 10 % en 2070. Ce qui réduirait d’autant les surfaces disponibles pour l’agriculture, les prairies et les forêts et obligerait à faire des arbitrages sur l’utilisation des sols. Au cours de la période 2006-2070, les prélèvements d’eau potable diminuent de 32 %, que l’habitat soit en appartement ou en maison.  En terme de consommation totale d’eau, la hausse est de 25 % entre 2006 et 2070 (variante concentration) et de 16 % (variante étalement), due principalement à l’irrigation.

Le Centre d’Information sur l’eau revient dans un article sur les défis pour aujourd’hui et pour demain pour les ressources.

Photo Thinkstockphotos.fr © iStockphoto

 

 

 

 

 

 

 

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