Tranches de vies : l’eau au quotidien

Publié le dans Planète, Santé.

Un forum mondial, c’est aussi l’occasion d’entendre des témoignages d’hommes et de femmes qui vivent les difficultés dues au manque d’eau. Mai Walette et Sid Ahmed Ag Ahmouden, soeur et frère, sont venus du nord du Mali. Juste pour témoigner. Extraits.

« Chez nous on est pas riche et beaucoup ont faim. Peu d’argent aussi pour acheter les médicaments quand on souffre de diarrhée ou de malaria. Nos vêtements sont reprisés. Nous sommes pauvres. Rassurez-vous. Nous gardons un bien précieux : la dignité. » Ou bien: « Savez-vous ce que c’est que la soif ?Je vous parle du feu qui brule la gorge après trois heures d’attente sous le soleil devant un puits. Je vous parle de cette terrible envie de vomir qui prend quand on a bu l’eau sale de la mare après la seule pluie de l’année ». « Puisque vous avez dit partout qu’à Marseille vous n’alliez pas seulement parler mais apporter enfin des solutions, nous sommes venus les chercher. Ecoutez aussi les nôtres » « Promettez-nous que demain, pas dans 100 ans, pas dans 10 ans, il n’y aura plus d’école sans robinet ni latrines dans mon pays ».

Madame Astou Kande Diop est sénégalaise et habite en ville. « Il faut que vous sachiez qu’au Sénégal, seules les femmes  s’occupent de la maison, des enfants et de l’eau. Pendant 5 ans, nous avons manqué d’eau parce que des habitations se sont construites et que les installations n’étaient pas assez puissantes pour alimenter tout le monde . Ça nous a paru 5 siècles: les femmes devaient rester éveillées entre 4H et 6H du matin près du robinet pour récupérer un peu d’eau. Le matin, elles devaient se lever pour s’occuper de leur mari, des enfants et aller chercher l’eau à des bornes fontaines, une bassine sur la tête. Rien ne tournait plus rond dans les foyers. Les femmes ont donc créé un collectif, ont manifesté. Notre service d’eau a dû faire les travaux nécessaires. Depuis, notre vie et celle de nos familles ont changé. C’est un énorme plaisir. »

Enfin, Catarina Albuquerque (Haut Commissariat aux Droits de l’Homme) a rapporté une photo d’une de ses missions : un robinet bloqué par un cadenas. C’est un mari qui l’a mis car il trouvait que sa femme utilisait trop d’eau. Et lui devait payer la facture d’eau…

Photo ©milosluz fotolia

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